tag:blogger.com,1999:blog-1850355510194544352.post2851565512379164659..comments2023-12-19T12:22:03.777+01:00Comments on Bio-éthique: Secret médical et dangerositéSamiahttp://www.blogger.com/profile/16461572850904838053noreply@blogger.comBlogger1125tag:blogger.com,1999:blog-1850355510194544352.post-83608840296817910252014-03-21T07:59:57.243+01:002014-03-21T07:59:57.243+01:00Alex Mauron m'envoie un commentaire par portab...Alex Mauron m'envoie un commentaire par portable. Le voici:<br /><br />Le gouvernement de la République et Canton de Genève a décidé de limiter le secret médical des détenus. <a href="http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/geneve-supprimer-secret-medical-carceral/story/19804080" rel="nofollow">Le Conseiller d’État en charge de la santé Mauro Poggia a déclaré que «La protection de la société prime sur l'intérêt privé du condamné»</a>. En présentant le respect de la confidentialité médicale comme un « intérêt privé », M. Poggia pose un geste rhétorique efficace. Et commet une erreur fondamentale, qui étonne de la part d’un ancien avocat qu’on a connu plus résolu dans la défense des droits des patients. Mais comme chacun sait, l’habit fait le moine.<br />Le geste rhétorique consiste à privatiser le respect du secret médical comme étant le privilège d’un seul, opposé à l’intérêt de tous. La disproportion des enjeux paraît dès lors évidente et le choix du Conseil d’État semble de bon sens. L’erreur consiste à traiter le droit au secret comme un enjeu purement individuel, alors qu’il s’agit de façon prépondérante d’un droit du corps social. Comme le souligne Samia, le secret médical protège la société en permettant aux soins médicaux d’atteindre les malades les plus stigmatisés et aussi ceux qui sont potentiellement dangereux. Plus fondamentalement, le secret fonde l’exercice d’une médecine relevant d’une relation entre personnes à part entière, qui ont un quant-à-soi digne de respect, plutôt qu’une pratique diagnostique et thérapeutique considérée comme une simple technique utilitaire appliquée sur des corps humains. C’est en définitive dire quelque chose du genre de société dans laquelle nous voulons vivre. Une société où les droits fondamentaux des personnes ne sont pas largement négociables et ne s’effacent pas au cas par cas dès lors que leur exercice pose problème.<br />A cet égard, le délitement de la condition carcérale, qui devrait faire aujourd’hui honte à la Genève humanitaire, a un effet paradoxal. Car plus l’inhumanité et le non-respect des droits des détenus progressent, plus la défense de ces droits apparaît comme une coquetterie irréaliste. C’est l’inhumanité qui devient un Sachzwang, un état de fait qui accède insensiblement au statut de norme sociale. De même, l’objectif de réhabilitation et de resocialisation du criminel devant lequel les autorités font encore quelques génuflexions polies semble si éloigné de la réalité pénitentiaire qu’il est décrédibilisé comme idéal régulateur. La notion du grand criminel comme foncièrement étranger à la société, bientôt à l’humanité, gagne du terrain. Le discours sécuritaire actuel voudrait au fond reléguer le criminel sur une autre planète.<br />On assiste désormais à une tentation croissante d’un retour de l’éloignement radical comme peine suprême, comme l’était l’exil sous l’Antiquité ou le bagne sous la troisième République. Mais c’est d’un exil du criminel hors du corps social qu’il s’agit. Position séduisante car elle réconcilie deux regards opposés sur le monstre - c’est-à-dire le phénomène désigné comme foncièrement hors-norme - qu’est le grand criminel. C’est d’un côté celui de la médecine légale qui le désigne comme malade, ce qui a l’avantage de permettre sa mise à l’ombre au-delà de la peine prononcée à son endroit, mais a l’inconvénient d’appeler sur lui des soins et une forme de compassion ; de l’autre le regard moral qui voit en lui un transgresseur pervers, digne d’une réprobation sévère mais qui pourrait un jour « avoir payé sa dette à la société », perspective inconfortable elle aussi. La prison correctrice et réformatrice, si radicalement critiquée par Michel Foucault, apparaît presque comme une utopie éclairée.<br />Samiahttps://www.blogger.com/profile/16461572850904838053noreply@blogger.com