"Pour être considérées comme aussi compétente qu'un homme, il vous faudra l'être deux fois plus." Et de conclure: "Heureusement, ce n'est pas si difficile".
On y repense ces temps en lisant une étude réalisée par des chercheuses de Göteborg. Apparemment, dans la science suédoise, et si vous êtes une femme, il vous faut 2.5 fois la productivité de vos collègues masculins pour être considérée comme équivalente.
Mais une partie de la réalité qui se cache derrière les boutades et les études scientifiques, c'est qu'il n'est pas si simple d'être juste. J'attends avec impatience la traduction française de 'Blink', l'excellent bouquin de Malcom Gladwell où il démonte à la fois les avantages et les inconvénients de nos conclusions immédiates, intuitives, qui parfois nous sauvent et parfois nous coulent.
Il y raconte l'histoire des orchestres européens, disons il y a quelques décennies. Ils étaient exclusivement masculins. Mysogynie? Pas du tout! Les juges entendaient un timbre différents chez les musiciennes, et fondaient leurs décisions en esthétique. L'unité de timbre, après tout c'est important dans un orchestre. Rien à dire.
Sauf qu'un jour on se mit à auditionner derrière un écran. Et là, vous le devinez, plus de différence de timbre. Il s'agissait pourtant des mêmes jurés, avec les mêmes goûts et les mêmes objectifs pour leurs orchestres. Mais leur théorie sur le timbre des musiciennes s'est effondrée derrière l'écran: ils n'entendaient tout simplement plus de différence s'ils ignoraient le sexe du candidat. Les orchestres devinrent mixtes.
Pas possible dans toutes les professions, ça.
Mais pause, là. Petite minute de compréhension pour toutes les personnes auxquelles on reproche parfois des intentions de barrer la route aux femmes, alors qu'en fait elles sont victimes d'une illusion d'optique.
Vous trouvez qu'il faudrait s'immuniser là-contre? Pas si simple. Vous pouvez faire le test. Non non, sérieusement. Un site web propose une série de tests auto-administrés sur nos biais implicites. En plus, il en existe dans plein de langues. Vous êtes un fervent égalitariste et êtes convaincu que vous n'associez aucun rôle particulier aux hommes et aux femmes, aucun jugement de valeur à l'appartenance ethnique, aux préférences sexuelles, ou autres âges de la vie? Vérifiez, c'est ici.
Deux avertissements s'imposent:
- D'abord, on peut avoir un biais et décider de ne pas l'approuver. C'est justement ce que devraient faire les comités de lectures, en Suède et ailleurs. Aucune obligation, donc, de vous faire une raison d'accepter votre biais contre les personnes handicapées, par exemple, s'il s'avère que vous 'testez positif'. Vous pouvez paisiblement continuer de militer pour des droits égaux la conscience tranquille. Rejeter un biais n'est pas se trahir.
- Mais par contre, on ne peut pas décider juste comme ça de ne pas avoir le biais. Gladwell raconte l'histoire d'une personne si effondrée à l'idée qu'elle avait un biais racial qu'elle a fait et refait des douzaines de fois le test, pour 'améliorer son score'. Peine perdue. Prête à abandonner. Et voilà que tout à coup, un beau jour, son biais avait disparu sans laisser de traces. La raison? Elle avait passé la matinée à regarder une retransmission des jeux olympiques, donc des athlètes noirs gagnant toutes les compétitions.
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