La santé, affaire collective ou affaire privée? Les maladies infectieuses nous montrent à quel point cette question est simpliste. Vouloir protéger sa santé tout seul est illusoire. Et pas seulement durant les épidémies. En Suisse, la discussion sur les soignants qui refusent de se faire vacciner montre à quel point cette question est difficile. Aux États-Unis, le passage de la réforme d'Obama devant le congrès (avec à peine 2 voix de marge) a sans doute dû quelque chose à l'arrivée, justement cette année, de la grippe H1N1.
Personnelle ou collective, la grippe? On en parle évidemment beaucoup autour de la question de la vaccination. Car oui, s'agissant de maladies infectieuses contre lesquelles un vaccin existe, le choix de les attraper (ou du moins d'en prendre le risque, c'est normalement cela qu'on veut dire), est individuel. Mais en même temps il ne l'est pas entièrement. Car, malade, on est également contagieux. Alors oui, la grippe ce n'est pas aussi grave que la variole. Du moins pas pour tout le monde. Mais c'est suffisamment grave pour certaines personnes pour que l'argument individuel ne soit pas tout seul à bords. Si l'on vit, ou travaille, dans l'entourage de personnes particulièrement à risque, mettre son choix individuel devant leur sécurité, et de surcroit sans leur donner leur mot à dire, et bien cela peut être difficile à justifier. L'OFSP a mis en ligne un test ici pour savoir si c'est le cas ou non. Cela ne concerne pas tout le monde: si on n'a personne de tel dans son entourage, effectivement il n'y a aucun problème. Mais cela concerne bien sûr les soignants.
Même pour les soignants, cela dit, cela ne concerne pas que la vaccination. L'enjeu ici est leur responsabilité professionnelle de protéger les personnes malades, et vulnérables à la grippe. Si la vaccination était la seule manière de faire ça, alors oui, il serait irresponsable de leur part d'accepter de continuer à travailler avec ces personnes sans être vaccinés. Dès lors que d'autres moyens existent, cela dit, la donne change. A Genève, on leur offre comme alternative le port du masque. Une autre manière de prendre au sérieux leur responsabilités, et de rassurer au passage les personnes dont ils s'occupent durant l'épidémie. Stigmatisant? J'ai donné récemment à ce sujet une présentation que les personnes intéressées trouveront ici. La version courte: le port du masque n'est pas plus stigmatisant que le T-shirt arboré par Mandela pour combattre la stigmatisation des victimes du VIH. C'est un signe visible, oui, mais qui ne signale pas l'opprobre. Puisqu'il vise à protéger les malades, ce serait même plutôt le signe d'un comportement admirable...
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
2 commentaires:
Je ne sais pas si je sentirais rassuré en étant soigné par une personne qui porterait un masque plutôt que de se faire vacciner. J'aurais des doutes quant à sa rationalité.
Il faudrait peut-être stigmatiser ceux qui ont l'intelligence d'avoir recours au vaccin en leur proposant un signe distinctif, un petit ruban avec l'inscription : vacciné contre la grippe, je me protège, je vous protège.
Eh oui, c'est le lot de l'hôpital publique où l'on ne peut pas choisir ses soignants.
C'est soit dit en passant une des raisons de la mesure obligatoire "vaccin ou masque". Un patient qui choisirait en ambulatoire d'aller voir un soignant non vacciné et sans masque, ça le regarde. Mais à l'hôpital on ne peut pas choisir...
Pour le personnel vacciné, un signe distinctif est exactement ce que Genève propose. Un badge bleu ciel où il est inscrit 'Vacciné(e) pour vous protéger'.
Enregistrer un commentaire
Vous pouvez vous identifier au moyen des options proposées, ou laisser un commentaire anonyme. Évidemment, dans ce cas vous pouvez quand même nous dire qui vous êtes.