La dissimulation dans la recherche

Oui, j'ai été un peu absente de ce blog ces derniers temps! Promis, je vous dirai pourquoi. Oui oui, promis. D'autant plus que là, je vais vous parler de transparence. Car le calendrier n'attend pas: je continue de vous annoncer les colloques de l'Institut d'éthique biomédicale où je travaille, pour ceux qui ne vivent pas trop loin pour cela.

Le prochain aura lieu ce lundi 8 février, et il sera question de la dissimulation dans la recherche en sciences sociales.

Inclure une personne, un sujet humain, dans un projet de recherche scientifique, normalement cela ne se fait que si cette personne y consent. Et donc uniquement après lui avoir expliqué de quoi il en retourne. Participer à une étude scientifique est parfois utile pour les participants, oui. Mais le but fondamental de la recherche n'est pas d'abord leur intérêt, mais le nôtre à en savoir plus, et dans le cas de la recherche clinique celui de patients futurs. Il est bien sûr très important d'expliquer ces enjeux avec suffisamment de clarté. Participer à la recherche doit être une décision libre et éclairée. C'était le sujet de notre dernier colloque, d'ailleurs.

Sauf que...parfois il est impossible d'explorer une question si les participants savent ce que l'on cherche. La célèbre expérience de Milgram sur le respect de l'autorité est un exemple. Ces recherches sont-elles systématiquement immorales? Et quelle que soit la réponse que l'on voudrait donner à cette question, pourquoi ?

Nous aurons le plaisir d'accueillir, pour discuter de cette question difficile, la philosophe américaine Ruth Macklin. Ça aura lieu le lundi 8 février, de 12h30 à 13h45. C'est aux Hôpitaux Universitaires de Genève, c'est-à-dire ici. Montez au 6e étage, c'est la salle 6-758 (6ème étage Bât. Principal – Médecine Interne - Bibliothèque).

L'orateur sera:

Ruth Macklin
Professeure de Bioéthique au Department of Epidemiology and Population Health de l'Albert Einstein College of Medicine, à New York

Elle donnera une conférence intitulée:

"Deception in Social Science Research"

Voici le résumé qu'elle a donné:

Deception of subjects is not uncommon in social science research.
Researchers defend the practice with different arguments, the main one being that certain important research would be biased, and therefore inaccurate, unless information is withheld or subjects are actively deceived. However, withholding information and active deception can be ethically distinguished. A few examples illustrate the challenges in determining whether deception or withholding information is ethically acceptable.

Cette conférence, qui sera donnée en anglais, est ouverte à toute personne intéressée. Vous en êtes? Alors à tout bientôt!

2 commentaires:

Jean-Michel Abrassart a dit…

Bonjour,

Je pense que le terme anglais "deception" se traduit en français par tromperie, et non par dissimulation. Dans les expériences de type "soumission à l'autorité", par ex., on ne fait pas que dissimuler l'objet réel de l'étude, mais on trompe le sujet en prétendant que l'objet de l'étude est différent de celui que l'on chercher réellement à étudier.

Sceptiquement vôtre,

Samia a dit…

Aah, c'est une des ambiguités qui se nichent dans les traductions. 'Deception' inclut les actes et les ommissions. Donc à la fois la dissimulation et la tromperie. J'ai fait ce choix dans le titre car c'est la dissimulation qui pose le problème éthique le plus controversé (tout le monde est plus ou moins d'accord que la tromperie, c'est pas bien) et donc le plus intéressant...

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