J'étais hier à un enterrement.
Une circonstance triste, cela va sans dire.
Mais aussi parfois pas triste exclusivement, lorsque la maladie fut longue et la fin une forme de soulagement. Pour certains proches de personnes décédées, cela dit, après les épreuves de la maladie viennent celles de la lecture des évangiles. Les rapports aux églises sont parfois compliqués ... et dans la tristesse ils ne représentent pas toujours, ni pour tous, un soutien. J'ai été frappée - c'est la première fois que j'en étais à ce point témoin - par le nombre de personnes qui ont exprimé des regrets de ne pas connaître de textes non religieux qui toucheraient la note juste au moment d'un décès.
Personnellement, il se trouve que j'en connais un. Mais vous aussi peut-être? Indiquez-le(s) dans les
commentaires, d'autres que moi vous en seront certainement aussi
reconnaissants...Je vous mets déjà celui que je connais. Il est très beau. Comme il n'y avait pas de traduction française (l'original est en anglais, la référence est derrière le lien), je vous signale que celle-ci est de moi et que toute imprécision est donc à mettre à ma porte:
"Nous
allons mourir, et cela fait de nous ceux qui ont de la chance. La
plupart des gens ne mourront jamais, parce qu'ils ne seront jamais nés.
Les personnes potentielles qui auraient pu être ici à ma place -mais qui
ne verront en fait jamais la lumière du jour- sont plus nombreuses que
les grains de sable du Sahara. Certainement, parmi ces fantômes sans
vie, des poètes plus grands que Keats, des scientifiques plus grands que
Newton. Nous savons cela, car l'ensemble des personnes rendues
possibles par notre ADN dépasse si massivement l'ensemble des personnes
existantes. Au nez et à la barbe de stupéfiantes probabilités
contraires, c'est vous et moi, si ordinaires, qui sommes ici. "
Un peu plus loin:
"(...)Après
avoir dormi au travers de cent millions de siècles, nous avons
finalement ouvert nos yeux sur une planète somptueuse, étincelante de
couleurs, débordante de vie. A bout de quelques décennies seulement,
nous devons les refermer. Qui, sachant cela, ne bondirait pas de son
lit, impatient de continuer à découvrir le monde, et heureux d'en faire
partie?"
Et encore:
"Nous, ce petit nombre de privilégiés qui avons gagné la loterie de la naissance envers et contre tout, comment osons-nous gémir à l'idée de notre inévitable retour à cet état antérieur, dont l'immense majorité n'a jamais émergé?"
Que quelqu'un lise ça à mon enterrement, voilà qui m'irait parfaitement. Sous réserve bien sûr de tout ce qui sera écrit d'ici-là...et d'ici-là ça fera beaucoup j'espère! Mais vous de votre côté, des suggestions?
3 commentaires:
Je propose ceci, de G. Orwell :
"Etre humain consiste essentiellement à ne pas rechercher la perfection, à être parfois prêt à commettre des péchés par loyauté, à ne pas pousser l'ascétisme jusqu'au point où il rendrait les relations amicales impossibles, et à accepter finalement d'être vaincu et brisé par la vie, ce qui est le prix inévitable de l'amour que l'on porte à d'autres individus.."
Merci, un très beau texte en effet...
En voici encore un, de Bertrand Russell:
"L'homme heureux se sent citoyen de l'univers et jouit librement du spectacle qu'il offre sans être troublé par la pensée de la mort car il sent qu'il n'est pas vraiment séparé de ceux qui viendront après lui. C'est dans cette union profonde et instinctive avec le fleuve de la vie que se trouve la plus grande joie." (dans "Conquest of Happiness", 1930)
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