Encore un médecin assassiné (2)
Que ces malades soient des blessés, et qu'ils l'aient été par la répression du régime, rend bien sûr la chose encore plus grave. Car il s'agit ici d'augmenter sciemment le nombre de victimes en intimidant, ou en éliminant carrément, ceux qui seraient susceptible de leur sauver la vie. Il s'agit aussi du symptôme d'une situation où le principe de neutralité n'importe visiblement pas (ou plus) du tout aux dirigeants. Le fondement selon lequel la médecine soigne tout le monde, sans distinctions. Et ici, surtout sans faire de distinctions entre les malades qui partageraient ou ne partageraient pas les 'bonnes' idées politiques. Le signe d'une société si scindée que 'les médecins des autres' pourraient y être ciblés sans crainte? Car après tout et qu'on le veuille ou non, ce principe de neutralité est une garantie autant pour les dictateurs et leurs appuis que pour leurs opposants...
Le signe, en tout cas, de ce que la médecine peut avoir d'admirable dans des conditions effroyablement difficiles. Il y a des collègues dont on doit être vraiment très fiers.
Mais aussi, bien sûr, un signe parmi bien d'autres du peu de poids de la vie des citoyens de Syrie aux yeux de leurs dirigeants. Car les soignants, il n'y en a pas pléthore. En tuer un, surtout dans une région du monde d'où les médecins émigrent, c'est tuer avec lui des centaines d'autres vies.
Bon, ok, ce dernier commentaire ne vaut que lorsqu'il s'agit d'un médecin qui exerce son métier. Car pour ajouter encore une touche à ce tableau déjà bien sombre, et pour respecter, là, un autre principe de neutralité, je me dois de vous rappeler que Bachar El-Hassad fut, il y a bien longtemps et dans une vie antérieure, ophtalmologue. C'est vrai, il y a aussi des collègues dont on n'est vraiment mais alors vraiment pas fiers du tout.
Václav Havel, très brièvement
Certains grands esprits sont grands par leur capacité à résumer l'essentiel alors que la plupart d'entre nous se focalisent sur le détail qui leur est proche. Parmi un nombre impressionnant de personnes qui nous ont quittés ces derniers jours, celui qui restera le plus longtemps dans les mémoires -avec et malgré ses controverses- sera sans doute Václav Havel. Vous ne savez pas qui c'est? Je suis prête à parier que vous avez moins de 20 ans, et le lien qui est dans son nom est alors un cadeau pour vous.
Dans la vidéo qui ouvre ce message, et dans laquelle il ouvrait la conférence du World Institute for Development Economics Research of the United Nations University (WIDER) il résume en un peu plus de 7 minutes une vingtaine d'années, et des enjeux dont nous peinons encore trop souvent à intégrer les grandes lignes. Il va beaucoup nous manquer. Quoique...peut-être malgré tout moins qu'il ne devrait. Car le monde qu'il a contribué à façonner est un lieu où des combats comme le sien sont plus difficiles à comprendre. Aller en prison pour s'être exprimé? A l'heure d'internet cela semble absurde et pourtant... Un président auteur de pièces de théâtre, plutôt qu'économiste? Les mauvaises langues diront 'auteur explicite de pièces de théâtre, plutôt qu'économiste', mais la réalité est qu'on chercherait avec difficulté le pays qui l'élirait aujourd'hui. Lui le disait d'ailleurs déjà: "L'élément tragique pour l'homme moderne, ce n'est
pas qu'il ignore le sens de sa vie, c'est que cela le dérange de moins
en moins."
Directives anticipées et participation du patient
Et la démarche présentée? Nous l'avons publiée il y a quelques temps dans la Revue Médicale Suisse. Je laisse donc les personnes intéressées découvrir l'original. Si vous avez des questions ou des commentaires, n'hésitez pas.