Affichage des articles dont le libellé est medical humanities. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est medical humanities. Afficher tous les articles

Si on ne peut même plus rigoler...

C'est l'heure d'un de mes billets dans le Bulletin des Médecins Suisses. Comme d'habitude le texte et le lien:

"Cette anecdote est véridique, nous sommes dans un service d’urgence américain. Des internes affamés ont commandé une pizza quand on leur annonce une victime de plaie par balle. Ils font tout pour sauver la vie d’un jeune homme mortellement blessé, mais en vain. Il s’agissait du livreur de pizza, attaqué alors qu’il s’approchait de l’hôpital. Une fois le calme revenu, il trouvent la pizza sur le pas de la porte, parfaitement comestible. Ouvrant la boîte l’un d’eux demande : « Combien vous pensez qu’on devrait lui donner comme pourboire ? ». Ils rient, et ils mangent la pizza.

L’humour médical existe sous toutes sortes de formes et il peut choquer les personnes qui le découvrent. Des générations de stagiaires ont vécu le décalage. Nous devons à nos patients beaucoup de respect et de politesse. Alors que vient faire là l’humour parfois très cru qui s’échange entre nous ? La réponse la plus évidente : c’est un exutoire nécessaire, une façon de rendre supportable les fardeaux de souffrance humaine qui nous sont confiés. Ceux qui rient le plus fort sont souvent les plus affectés par le sort de leurs patients.

Nécessaire et légitime, l’humour médical a cependant une face plus sombre. Cette fois nous sommes dans une salle d’accouchement, toujours aux Etats-Unis, et l’obstétricien vient de sauver la vie d’une femme hispanique en pleine hémorragie du post-partum en procédant sous narcose à un massage utérin interne. Soulagé et heureux, une main encore dans son vagin, il lève l’autre main en l’air et se met à danser en chantant ‘La Cucaracha, la cucaracha…’ . Ici, l’anesthésiste l’arrête sèchement. Cette histoire vient d’être publiée anonymement, des années plus tard, avec une honte palpable. Les éditeurs du journal ont longuement débattu de sa publication. Ils s’expliquent dans un éditorial et semblent partager une part de cette honte. Une borne a été franchie.

Ces bornes, donc, existent. Mais où sont-elles et comment les respecter en évitant de tomber dans un moralisme frileux qui interdirait tout bonnement l’humour ? Se livrant à un exercice plutôt rare en éthique médicale, la juriste Katie Watson nous propose une analyse fine qui catégorise l’humour selon ses fonctions . Entre les lignes de nos plaisanteries, ce sont toutes sortes de messages que nous communiquons et ce sont eux qui font la différence. Nous plaisantons pour dire la vérité plus vite à un collègue. Comme c’est efficace, nous nous en servons parfois comme outil rhétorique, pour mettre la critique de notre côté. C’est déjà plus douteux. Nous nous en servons souvent pour rire de ce qui exerce un pouvoir sur nous, pour rétablir un tant soit peu une réalité où le déséquilibre serait trop insupportable sans lui. Les cibles de l’humour noir sont ici la maladie, la détresse ou, comme dans le récit du livreur de pizza, la mort elle-même. Cet humour est nécessaire, vital. Il nous permet de survivre, de sourire, et d’aller (parfois directement) voir le patient suivant. Nous ne devons surtout pas en avoir honte. Nous nous servons de l’humour pour nous montrer solidaire les uns envers les autres, pour partager nos peines.

Nous pouvons cependant aussi nous en servir pour exclure. Pour souligner à quel point les patients sont différents de nous, pour les déclarer coupables de ces maux que nous souffrons tant de ne pas pouvoir mieux soulager. Cet humour-là frappe plus faible que nous et cela, oui, cela peut poser problème.

Katie Watson offre une clé de lecture : Qui est visé par la plaisanterie ? Peut-elle limiter la qualité de nos soins ? Peut-elle nous soulager trop vite et nous ôter la motivation de changer une situation inacceptable ? Qui écoute et pourrait en souffrir? Une lecture utile, qui aide à comprendre où sont les bornes sans nous interdire, finalement, de rire."

[+/-] Lire le message entier...

Mes collègues...


Cette fois, c'est pour vous annoncer que plusieurs de mes collègues organisent une série de conférences dont chacune s'annonce très très bien. Le laboratoire des neuro/sciences humaines, ce sera une série d'occasions de croiser les regards de disciplines des sciences humaines et des sciences de la vie sur le fonctionnement du cerveau. Ça commence demain, avec l'esthétique. Et cela se poursuit ensuite à un rythme tranquille, qui devrait permettre de bien pondérer chaque conférence en attendant la suivante. A suivre, donc. L'affiche est ici. Si vous vivez par ici et que cela vous intéresse, venez!

[+/-] Lire le message entier...

L'éthique d'un autre âge...?

Je continue de vous annoncer les colloques de l'Institut d'éthique biomédicale où je travaille, pour ceux qui ne vivent pas trop loin pour cela.

Le prochain aura lieu ce lundi 12 avril, et il sera question d'aspects éthiques de la pratique médicale au 18e siècle.

Nous aurons le plaisir d'accueillir comme orateurs Micheline Louis-Courvoisier et Philip Rieder, qui travaillent tous les deux dans le Programme des Sciences Humaines en Médecine de notre Institut d'éthique biomédicale.

Ils donneront une conférence intitulée:

"Menteur, brutal, indiscret, et pourtant éthique : le médecin avant la biomédecine"

Voici le résumé qu'ils ont donné:

Un médecin a-t-il le droit de manipuler son malade ? De lui inoculer une maladie à son insu ? Ou encore de colporter des nouvelles de ses patients tous azimuts ?

L’éthique occupe une place toujours croissante dans la formation des médecins, conditionnant les pratiques et délimitant étroitement le cadre de la relation thérapeutique. Les praticiens actifs avant les premiers règlements éthiques du XIXe siècle n’avaient pas de tels repères. Leur pratique était-elle alors barbare ? Une série d’anecdotes tirées de la pratique médicale au XVIIIe siècle le laisse penser. La contextualisation de ces gestes nous permettra d’aborder la question du mensonge, de la violence et de l’indiscrétion dans la pratique médicale d’Ancien Régime et de comprendre les raisons qui les rendaient moralement acceptables à l’époque.

Ça aura lieu le lundi 12 avril, de 12h30 à 13h45. C'est aux Hôpitaux Universitaires de Genève, c'est-à-dire ici. Attention, changement de salle: montez au 7e étage, c'est la salle 7-731 et 7-732 (7ème étage Bât. Principal – Médecine Interne - Salle de colloques).

Cette conférence est ouverte à toute personne intéressée. Vous en êtes? Alors à tout bientôt!

[+/-] Lire le message entier...

Les mots pour le dire...

Je continue de vous annoncer les colloques de l'Institut d'éthique biomédicale où je travaille, pour ceux qui ne vivent pas trop loin pour cela. Le prochain aura lieu le lundi 14 décembre, et il sera question des formulaires de consentement pour la recherche clinique.

Cette recherche, nous lui devons en grande partie les progrès de la médecine actuelle. Et les participants, les personnes qui acceptent de devenir sujets d'expérience, eh bien nous leur devons l'existence de cette recherche. Participer à une étude clinique est parfois utile pour eux, oui. Mais le but fondamental de la recherche n'est pas d'abord leur intérêt, mais celui de patients futurs. Il est bien sûr très important d'expliquer ces enjeux avec suffisamment de clarté. Participer à la recherche doit être une décision libre et éclairée. Difficile tâche que cela...

Les formulaires d'information sont une des pierres angulaires de ce devoir de clarté. Mais malheureusement, on sait qu'ils sont souvent mal compris. Leur langage est souvent compliqué. Mais il semble que la difficulté soit plus profonde car simplifier même radicalement ce langage n'améliore pas la compréhension. Comment faire? Ce colloque offrira un exemple d'une approche linguistique, appliquée à un problème d'éthique de la recherche clinique.

Ça aura lieu le lundi 14 décembre 2009, de 12h30 à 13h45. C'est aux Hôpitaux Universitaires de Genève, c'est-à-dire ici. Montez au 6e étage, c'est la salle 6-758 (6ème étage Bât. Principal – Médecine Interne - Bibliothèque).

L'orateur sera:

Nathalie Ilic
Institut d'éthique biomédicale

Elle donnera une conférence intitulée:

"Le formulaire d'information: une lettre anonyme?"

Voici le résumé qu'elle a donné:

Le formulaire d’information en vue d’une étude clinique est une lettre qui entraîne l’investigateur de l’étude et la personne invitée à y participer dans une communication conjointe. Il représente une des étapes essentielles et obligatoires du consentement libre et éclairé, un des critères d’une pratique éthiquement justifiable de la recherche clinique. Si les informations contenues dans le formulaire sont importantes, la manière de les exprimer l’est tout autant. Une analyse linguistique, réalisée dans le cadre d’un projet interdisciplinaire, sera présentée dans ce colloque. Il sera question des phénomènes langagiers qui influent sur la compréhension et le consentement du candidat potentiel à la recherche. Nous nous interrogerons sur les difficultés à la source de ces phénomènes, auxquelles les rédacteurs font face, ainsi que sur les répercussions éventuelles sur les lecteurs de ces lettres d’information.

Cette conférence est ouverte à toute personne intéressée. Vous en êtes? Alors à tout bientôt!

[+/-] Lire le message entier...

Colloque: psychiatrie et littérature


L'Institut d'éthique biomédicale où je travaille organise tous les mois un colloque qui est ouvert au public. Alors comme ce blog est lu par des personnes qui peuvent être intéressées, et que certaines (certaines!) ne vivent pas trop loin, je vais profiter pour vous les annoncer.

Le prochain aura lieu la semaine qui vient, et il sera question de Medical Humanities. En français 'Sciences humaines en médecine', une discipline qu'un centre réputé décrit ainsi (la traduction est un peu libre).

'Les sciences humaines et les arts fournissent un éclairage sur la condition humaine, la souffrance, la singularité, notre responsabilité les uns vis-à-vis des autres, et offrent une mise en perspective historique de la pratique et de la pensée médicale. L'attention à la littérature et aux arts aide à développer et nourrir des capacités d'observation, d'analyse, d'empathie, et d'introspection -- des aptitudes essentielles à une pratique humaine de la médecine'.

Un domaine pas toujours facile à décrire, comme le souligne le site dont j'ai tiré l'image ci-dessus. Mais, au jour le jour, à la fois intéressant et crucial. Une bonne combinaison, ça.

Ce colloque offrira un exemple d'activité dans ce domaine. Il aura lieu ce lundi, 4 mai 2009, de 12h30 à 13h45. C'est aux Hôpitaux Universitaires de Genève, c'est-à-dire ici (sauf que la rue s'appelle depuis peu autrement, mais vous trouverez). Montez au 6e étage, c'est la salle 6-758 (6ème étage Bât. Principal – Médecine Interne - Bibliothèque).

Les orateurs seront:
Gilles Bertschy (Professeur adjoint au Département de psychiatrie, médecin adjoint agrégé au Service de psychiatrie adulte des HUG)
Alexandre Wenger (PhD, maître-assistant au Département de langue et littérature françaises et à l’Institut d’éthique biomédicale, UniGe)

Ils donneront une conférence intitulée

Le Trouble bipolaire entre psychiatrie et littérature

Voici le résumé qu'ils ont donné:

Dans le cadre de leurs activités d'enseignement et de recherche, Gilles Bertschy et Alexandre Wenger collaborent régulièrement depuis quelques années. Leurs intérêts respectifs, bien qu'ils soient rattachés à des domaines apparemment aussi éloignés que la clinique psychiatrique et la littérature, convergent néanmoins sur la question des expressions du trouble bipolaire. Ils vous convient à une séance originale du colloque de l'Institut d'éthique biomédicale, au cours de laquelle ils illustreront la manière dont la psychiatrie et la littérature en particulier, les sciences et les arts en général, peuvent mutuellement se servir de ressources.

Cette conférence est ouverte à toute personne intéressée. Vous en êtes? Alors à lundi!

[+/-] Lire le message entier...