Une histoire dont nous avons sans doute tous entendu une variante ou l'autre dans notre enfance:
Un homme doit se rendre sur l'autre rive d'un lac gelé et engage un passeur pour le lui faire traverser en traineau. Arrivés au milieu, les deux hommes se rendent compte que la glace est fragile: le printemps est proche, elle craque par endroits. Épouvanté, le passager supplie le passeur d’accélérer. "Plus vite! Plus vite! Je vous payerai ce que vous demanderez!". Ils arrivent finalement sains et saufs sur l'autre rive. Le passager demande alors combien il doit. "Pas grand chose" réplique le passeur "juste un dixième de ce que vous étiez prêt à payer quand nous étions encore sur le lac..."
On sourit, et peut-être après réfléchit-on. Car la question qui est posée ici est celle du juste prix, pour un service dont le juste prix n'est pas évident. Mais il est clair qu'il y a ici deux composantes. Le passeur a travaillé, il a engagé des frais pour son traineau, et sans gain sans doute ne ferait-il pas ce métier. Une part du paiement lui revient pour cela. Mais il y a une autre part. Celle qui vient en plus, et n'a rien à voir avec cela. La part que le passager est d'accord de payer pour prix de sa vie, en quelques sortes. Alors, échange juste, salaire, ou chantage? On est au moins en droit de poser la question.
Cette question, une centaine de médecins du monde entier viennent de la poser. Sauf qu'ils ne parlaient pas de passeurs ou de lacs gelés. Ils parlaient de l'industrie pharmaceutique. Il y eut une prompte réponse, qui fit semblant que les deux parts du profit étaient la même. C'est faux. Ce n'est pas le profit en tant que tel qui est critiqué ici: c'est la part en surplus. Et là, vous avouerez que la question mérite tout au moins d'être posée. Il y eut aussi des réponses plus constructives, et quelques unes de l'industrie sur lesquelles vous vous ferez votre propre idée. Mais voilà, la question est donc posée. Il était grand temps.
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