C'est la consternation après l'attentat contre Charlie Hebdo. Les condoléances et l'indignation affluent sous #jesuisCharlie sur twitter, facebook s'est paré de noir, les chefs d'états proclament leur solidarité, et déjà les commentaires se divisent entre ceux qui veulent faire taire la violence et ceux qui, la sentant monter eux eux, semblent tentés d'y céder. Au milieu de tout ceci, je vous offre -en hommage aux journalistes- une citation.
Pas n'importe laquelle. L'auteur est passé personnellement par la menace de la violence, et c'est sous cette menace qu'il écrivait ceci:
"(...)what is the point of giving persons Freedom of Speech, if you then
say they must not utilize same? And is not the Power of Speech the
greatest Power of all?"
"à quoi cela sert-il de donner aux personnes la Liberté de Parole, si vous leur dites ensuite qu'elles ne doivent pas l'utiliser? Et le Pouvoir de la Parole n'est-il pas le plus grand Pouvoir de tous?"
L'auteur de ces lignes est Salman Rushdie, leur source un livre qu'il a écrit pour ses enfants alors qu'il était exilé loin d'eux par la menace d'un attentat pour avoir, lui qui était né dans une famille musulmane, écrit sur le prophète des choses qui ont déplu aux dirigeants de l'époque en Iran. Pour ceux qui seraient tentés de comprendre l'attentat de Paris en termes uniquement religieux, ces lignes devraient être un rappel. L'occasion ne serait-ce que d'un instant pour se souvenir qu'à l'échelle de la planète, la plupart des victimes de ceux qui déclarent s'armer pour l'islam sont en fait des musulmans. Les musulmans de France et d'ailleurs qui condamnent l'attentat ne le savent que trop bien. Aux États-Unis, après le 11 septembre 2001, des particuliers ont attaqué dans leur douleur leurs concitoyens musulmans parfaitement innocents. C'était révoltant. C'était attaquer leurs voisins plutôt que d'attaquer la violence. C'était sauter à pieds joints dans le piège qui leur avait été tendu. Il y a même eu une attaque contre des concitoyens sikhs pour crime de port de turban. La révolte avec le ridicule en plus. C'est les États-Unis, me direz-vous, ici on fera mieux! Puissiez-vous avoir raison.
Car réagir avec justice, plutôt qu'avec violence, est difficile. De la part du terroriste, c'est parfaitement intentionnel. Comme le disait un commentateur: "En plein Paris, l’assaut à l’arme de guerre d’une rédaction réunie en séance de travail a bel et bien deux buts, au-delà du massacre espéré de civils : faire taire la liberté d’expression et annihiler les valeurs de la démocratie (...) La première faute serait aujourd’hui de suivre les terroristes dans leur
quête et que la haine se déchaîne entre communautés en plein Paris et
dans toute la France". Ce n'est pas seulement un crime, disait ce soir Robert Badinter, c'est aussi "un piège que l’histoire a déjà tendu aux démocraties. Celles qui y ont cédé n’ont rien gagné en efficacité répressive, mais beaucoup perdu en termes de liberté et parfois d’honneur." Un piège, oui, et il va s'agir de ne pas y tomber.
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