Tu exerceras ton cerveau...?

Aaah, pentecôte. Long week-end, repos, et enfin du temps. Alors pour les adeptes de la gymnastique mentale, des mots croisés, et autre Sudoku, voici un défi éthique! Après tout, un exercice mental doit-il forcément être futile pour être intéressant? Bien sûr que non. Vous êtes prêts? On va commencer en grand:

Lorsqu'il est question de religion, de foi, d'église, on cite souvent les dix commandements comme faisant partie des racines de notre culture occidentale. Sans doute. Mais que valent-ils comme règles morales? Non, vraiment, tous. On pourrait longuement en discuter. Les personnes intéressées peuvent se référer à ce site, qui commente pourquoi une liste de règles de vie devrait peut-être être formulée autrement. Ou à celui-ci, qui tente justement une nouvelle version. Il y en a d'autres. Le plus joli n'est pas en ligne: c'est le Manuel de sagesse du monde ordinaire publié à titre posthume par Joseph-Marie Bochenski.

Mais je vous ai promis un défi. Le voici: armé d'un papier et d'un crayon, je suis confiante que vous êtes capable de faire mieux que l'original, tout seul comme un grand. Tenté? Essayez! Ne soyez pas intimidé par la gravitas du sujet. Après tout, Platon se le demandait déjà: obéis-t-on aux dieux parce qu'ils nous donnes de bons ordres, ou bien ces ordres sont-ils bons parce que les dieux nous les donnent? En d'autres termes, que ferions-nous d'un commandement divin qui serait immoral? La réponse est tout autour de nous: un commandement de ce type, la plupart des croyants oublient qu'il existe, et c'est tant mieux. Même les autorités des églises, parfois, semblent ne pas avoir bien lu leurs propres textes. Si vous êtes chrétien, quand avez-vous pour la dernière fois lapidé un membre de votre famille qui aurait eu une autre religion ? Pour citer un commentaire sans doute apocryphe : à cette époque, Notre Seigneur était encore bien jeune… Lorsqu’on lit un texte sacré pour y trouver des fondements moraux, on fait des choix légitimes. Et si nous sommes capables de faire ce genre de distinction entre les bons et les moins bons commandements divins, c’est que nous avons forcément une source de jugement moral différente de la religion.

Cette source de jugement, on est tous capables de s'en servir pour faire une liste de règles. A vous de jouer, donc! Et si votre version vous plait, laissez-la nous en commentaire à ce message. Attention, maximum dix (allons, douze, mais on ne triche pas). Níkos Kazantzákis en a fait une que je ne commenterai pas ici sauf pour dire qu'elle compte 475 commandement, et que ce ne sera pas autorisé ici! Par contre, si vous n'avez pas le temps d'en faire dix, les versions partielles seront acceptées...

Vous êtes prêts? Alors à vos claviers!

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ahah! Platon et Kazantzakis dans le même post et un défi "mots tricotés, pas croisés".

Je n'irai pas jusqu'à dix, non pas par manque de temps mais parce que je pense que ce n'est pas nécessaire.

Préserve :
toi au mieux de tes intérêts,
les tiens au mieux de leurs intérêts,
l'humanité au mieux de nos intérêts,
la vie pour qu'elle prospère.
Reformuler en adaptant aux situations aussi souvent que possible.

Deux invariables : rien n'est sacré et tout se discute.

Anonyme a dit…

Je passais voir la récolte et je me sens bien seul !
Mais je ne suis pas venu les mains vides Ten commandments that are worthy of respect, trouvés chez Geoff Arnold, qui les a lui trouvé chez Richard Carrier, qui a été les chercher chez Solon.
Le n°9 à la poubelle, tant que les dieux ne sot pas venus prendre la café avec moi.

Samia a dit…

Oui! Apparemment le sujet intimide...dommage. Merci pour le lien vers Carrier...et oui encore, le n°9 à la poubelle pour le moment.

Alors comme c'est vrai que le silence est assourdissant, voici ma tentative. J'ai essayé de la faire vite, comme le demandait l'exercice. Mais je dois avouer que j'en ai un ajouté un ou deux pas indispensables, pour que ça fasse 10.

Autant que tu peux:
-fais le bien, y compris le tien, et tiens compte de la vision qu'en ont ceux pour qui tu le fais,
-respecte la vie, et encore davantage sa conscience d'elle-même: n'assassine pas, ne torture pas, ne viole pas, ne cause pas de souffrances gratuites.
-respecte la liberté qui fait de même,
-regarde toi, les autres, et le monde, avec un regard naturaliste: toute autre personne, tu aurais pu l'être, et personne ne mérite beaucoup d'admiration ni de mépris,
-considère tes relations avec les autres comme importantes,
-sois digne de confiance: ne mens pas et n'induis pas en erreur,
-sois curieux, pense par toi-même, et sers-toi de ta raison pour cela,
-prend conseil et accepte les critiques,
-tâche de faire partie de quelque chose de plus grand que toi, mais pas inconditionnellement,
-la perfection est comme le bonheur et le sommeil: on la perd en la cherchant...

Un des aspects intéressants de l'exercice est qu'il permet de regarder la distinction entre ce qui est de l'ordre de la prudence, qui sert à vivre heureux, et ce qui est de l'ordre de la règle morale. Solon est proche de Bochenski sur ce point. La distinction est absente. Normal, puisqu'elle est plus récente que Solon, et que Bochenski traite explicitement de sagesse, et non de morale, et donne un tas de conseils comme 'Donne aux autres le moins d’informations possibles sur toi-même.' Même si ce n'est pas une distinction vide de sens, elle est certainement surfaite. Vive les néo-aristotéliciens qui tentent de renouer, sous le chapitre de la bonne vie, la vie morale et la vie heureuse...

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