Juste pour la fin de l'année, un très très beau cadeau de Noël. Dans le monde entier, et à seulement quelques exceptions près, nous vivons plus longtemps. La mortalité infantile chute elle aussi de manière impressionnante. La maladie nous tue moins, moins vite en tout cas. Les maladies infectieuses sont particulièrement en recul. On peut même visualiser ça sur un joli tableau interactif ici. Et l'article principal se trouve ici.
Cadeau avec un bémol cependant. Car si nous survivons plus, nous ne survivons pas toujours mieux. Les maladies chroniques sont elles en progression. Logique: à vivre plus longtemps on a plus de temps pour en accumuler. A la malnutrition succède la malbouffe, avec son cortège de diabète, hypertension et autres maladies liées à l'obésité. Logique encore: une plus grand prospérité, par ailleurs une très bonne chose, aura souvent ces deux effets en même temps. Autre bémol, si les maladies infectieuses tuent moins, elles tuent toujours encore beaucoup. Mais c'est l'augmentation -et la globalisation- des problèmes de santé chroniques qui impressionnent ici. Ce sont donc eux qui constituent la prochaine cible logique.
Ici, contrairement à la lutte contre les maladies infectieuses, pas d'antibiotiques à l'horizon. C'est par les modes de vie qu'il faudra passer. Entre les lignes, donc, un autre cadeau de Noël, moins visible celui-là. Car l'histoire que nous raconte ce rapport mondial sur la charge de maladie est celle du succès de mesures de santé publique. Assainissement des eaux, vaccination, construction de toilettes: lentement mais sûrement, ça marche. Combattre les maladies liées à l'obésité, cela pourrait-il passer par des actions semblables? Peut-être. Certe, cela ne nécessiterait pas de construction d'ouvrages importants comme les canalisations publiques. Mais ce n'est pas non plus une 'simple' histoire de choix individuels. Là où des succès sont déjà là, ils ont passé par des réglementations de la qualité des aliments, et de la quantité de non-aliments que nous autorisons sur le marché. Atteinte à la liberté? Celle de choisir ce que l'on mange, non. Jetez un oeil à votre supermarché: on pourrait réglementer beaucoup et il vous resterait tout de même énormément de choix. La part de choix ôtée, très partielle donc, nous serions certainement d'accord de nous en passer en échange de l'accès facile à une nourriture qui ne nous ferait pas de mal. Ces mesures qui ont été appelées des 'ceintures de sécurité alimentaires', par analogie avec nos stratégies pour la sécurité routière. Un autre domaine où une -petite- part de liberté a été lâchée comme prix d'une sécurité jugée plus importante. Non, la liberté réellement atteinte serait avant tout celle de faire du profit sur le
dos de la santé des gens. Mais je doute que vous perdiez beaucoup de
sommeil pour celle-là...
Fin de vie à la Française...
On reparle ces temps en France de fin de vie. Vu de Suisse, c'est impressionnant. Autour de ces thèmes, chez nos voisins, les plaques tectoniques sont si figées que le moindre frémissement ressemble à un tremblement de terre. Ici, il s'agit du rapport Sicard, publié il y a trois jours. Élaboré et publié à la demande du président Hollande, il entre-ouvrirait la porte à l'idée que peut-être, parfois, il pourrait être envisagé d'avoir recours à l'assistance au suicide.
Dans ce contexte-là, même cette simple évocation est impressionnante. La presse n'a d'ailleurs pas tari. Comme c'est les vacances et que vous avez du temps, le rapport intégral se trouve ici. Il vaut la lecture. Ne serait-ce que pour la description des conditions de la fin de vie chez nos voisins. Et puis parce qu'on parlerait donc d'un changement de loi. D'une demande à prendre au sérieux: "Il ne s'agit pas de revendications simplistes ou naïves de personnes qui n'auraient pas compris la question. Il s'agit d'une demande profonde des personnes interrogées, de ne pas être soumises dans cette période d'extrême vulnérabilité de la fin de vie à une médecine sans âme". Affaire à suivre, donc.
L'issue demeure cela dit très incertaine. Les cas qui ont défrayé la chronique en France, les histoires de personnes qui ont demandé à mourir, se ressemblent un peu toutes par un aspect qui nous semble, en Suisse, très exotique: la demande de mourir adressée personnellement au président de la République. Cette demande n'est pas anodine. Elle semble traduire une certaine logique de l'autorisation qu'on demande au souverain - à un roi, donc- de disposer de son bien à lui. Il y a erreur sur la personne, bien sûr. Un président garant d'un état de droit comportant un interdit de l'euthanasie ne peut que dire non. Il n'a pas de droit de vie et de mort sur les citoyens, lesquels ne sont pas ses sujets. Le malentendu est programmé.
Lorsque l'on vit dans cette logique, cela dit, comment autoriser l'assistance au suicide? Pas simple. Il faudrait presque pour cela repenser notre rapport à l'état. Comme le disait récemment un collègue, il est très peu probable que la France adopte une législation 'à la Suisse'. Mais la question a le mérite d'être enclenchée, et sur des bases factuelles. Les débats sur les choix de fin de vie ont parfois tendance à se dérouler un peu 'hors-sol', mais au fond les faits sont têtus. Une très belle citation ici: « On pense que ce sont les vivants qui ferment les yeux des mourants, mais ce sont les mourants qui ouvrent les yeux des vivants ».
Dans ce contexte-là, même cette simple évocation est impressionnante. La presse n'a d'ailleurs pas tari. Comme c'est les vacances et que vous avez du temps, le rapport intégral se trouve ici. Il vaut la lecture. Ne serait-ce que pour la description des conditions de la fin de vie chez nos voisins. Et puis parce qu'on parlerait donc d'un changement de loi. D'une demande à prendre au sérieux: "Il ne s'agit pas de revendications simplistes ou naïves de personnes qui n'auraient pas compris la question. Il s'agit d'une demande profonde des personnes interrogées, de ne pas être soumises dans cette période d'extrême vulnérabilité de la fin de vie à une médecine sans âme". Affaire à suivre, donc.
L'issue demeure cela dit très incertaine. Les cas qui ont défrayé la chronique en France, les histoires de personnes qui ont demandé à mourir, se ressemblent un peu toutes par un aspect qui nous semble, en Suisse, très exotique: la demande de mourir adressée personnellement au président de la République. Cette demande n'est pas anodine. Elle semble traduire une certaine logique de l'autorisation qu'on demande au souverain - à un roi, donc- de disposer de son bien à lui. Il y a erreur sur la personne, bien sûr. Un président garant d'un état de droit comportant un interdit de l'euthanasie ne peut que dire non. Il n'a pas de droit de vie et de mort sur les citoyens, lesquels ne sont pas ses sujets. Le malentendu est programmé.
Lorsque l'on vit dans cette logique, cela dit, comment autoriser l'assistance au suicide? Pas simple. Il faudrait presque pour cela repenser notre rapport à l'état. Comme le disait récemment un collègue, il est très peu probable que la France adopte une législation 'à la Suisse'. Mais la question a le mérite d'être enclenchée, et sur des bases factuelles. Les débats sur les choix de fin de vie ont parfois tendance à se dérouler un peu 'hors-sol', mais au fond les faits sont têtus. Une très belle citation ici: « On pense que ce sont les vivants qui ferment les yeux des mourants, mais ce sont les mourants qui ouvrent les yeux des vivants ».
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