Lorsqu'une personne décède dans des conditions qui lui permettrait d'être donneuse d'organes, faut-il partir du principe qu'elle serait d'accord? Actuellement, ce n'est pas le cas. On part du principe qu'un consentement explicite est nécessaire, et le consentement n'est donc pas présumé. Il faut donc, dans notre pays, être porteur d'une carte de donneur ou s'être exprimé en faveur du don d'organes pour être donneur.
Ce n'est pas comme ça partout. Dans plusieurs pays, dont l'Espagne par exemple, le consentement est présumé. C'est-à-dire que, lorsqu'une personne est en mort cérébrale, on part du principe qu'elle searit d'accord de donner ses organes à moins qu'elle n'ait exprimé de son vivant un refus explicite. C'est une politique assez répandue chez nos voisins. En Suisse, plusieurs arguments ont récemment mené le Conseil fédéral à se positionner contre son introduction. Quelques-uns des arguments en présence:
En défaveur du consentement présumé, comment être sûr que 'qui ne dit
mot consent' réellement? De nombreuses personnes ne sont tout simplement pas assez
informées pour décider quoi faire, et leur corps leur appartient quand
même: on ne peut pas prendre à leur place une décision comme celle-ci.
En défaveur aussi, la dimension du 'don', d'un cadeau de vie, est
amoindrie. Après tout si on présume le consentement ce n'est plus un cadeau mais un tranfert contre lequel vous avez une sorte de droit de veto.
En faveur du consentement présumé, on cite toujours l'espoir qu'il augmente le nombre d'organes disponibles pour la transplantation. Mais les chiffres ne sont en fait pas si conclusifs. Qu'importe, vous diront certains: la simple chance de pouvoir augmenter le nombre de donneurs vaut au moins d'essayer.
Tel est le débat. L'exigence d'un consentement explicite comme manifestation du droit à l'auto-détermination sur ce qui arrive à notre corps après notre mort d'une part, les chances d'augmenter les chances des receveurs potentiels de l'autre. Sauf que l'on pourrait résoudre cette tension en demandant à tout le monde de se prononcer. On pourrait même faire plus. Car quand on demande aux personnes normalement constituées de se prononcer, il se passe une chose étrange. Si on demande "cochez cette case si vous êtes d'accord d'être donneur d'organes après votre mort", la majorité des gens ne cochent pas la case. Si on demande "cochez cette case si vous n'êtes pas d'accord d'être donneur d'organes après votre mort", la majorité des gens...ne cochent toujours pas la case. Comme si l'effort de choisir faisait préférer ce qui est présenté comme le statu quo, la position par défaut. Mais alors, voici un troisième modèle. Appelons-le le consentement proposé. On pourrait imaginer de mettre sur nos cartes d'assurés une case à cocher si on ne veut pas être donneur d'organes, et si on voulait éviter toute pression (certains n'ont peut-être juste pas envie de répondre) on pourrait ajouter une case qui dirait "je préfère ne pas décider maintenant". Atteinte à la liberté? Aucune. Chacun reste libre de se déterminer comme il veut. Droit à l'autodétermination? Préservé. Chances d'augmenter les chances des receveurs potentiels? Il manque le recul, mais on peut au moins dire qu'elles ne seraient pas mauvaises. Alors, on essaie quand?
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