Il y a beaucoup d'émotions suite à l'annonce de la réouverture des écoles obligatoires le 11 mai. C'est effectivement une décision qui a dû être difficile. Voici quelques éléments pour mieux comprendre le contexte.
Première chose, l'épidémie de COVID19 est avec nous pour un certain temps. Maintenir les écoles fermées jusqu'à ce qu'elle soit terminée, donc, n'est pas simplement une histoire d'attendre la rentrée. Il est très probable que nous devrons encore appliquer des mesures de sécurité l'automne prochain.
Deuxième chose, les enfants transmettent peu le COVID19. Vous avez bien lu, le risque n'est pas zéro. Mais il est faible. Le meilleur résumé que j'ai vu est celui qu'Alasdair Munro, un pédiatre britannique, a mis sur Twitter. En résumé, les enfants peuvent attraper le COVID19 et le transmettre, mais nettement moins que les adultes. Nettement moins. Les enfants sont moins de 2% des cas de COVID19 hospitalisés. Quand ils sont malades ils sont plus rarement gravement malades. Et ils sont à la base moins souvent infectés. Par exemple, l'Islande a testé un échantillon pris au hasard de toute sa population, et n'a trouvé aucun cas positif en dessous de l'âge de 10 ans. Une ville italienne a testé 70% de ses habitants et n'a pas non plus retrouvé de cas positifs en dessous de 10 ans. Attention, cela ne veut pas dire qu'aucun enfant ne peut tomber malade. Mais ça veut dire que c'est rare. Les enfants transmettent aussi rarement la maladie. Même en étant en contact proche avec pas mal de monde, les enfants semblent peu transmettre le COVID19. Attention, cela ne veut pas dire qu'ils ne la transmettent jamais. Mais c'est rare. Un résumé des données est disponible ici.
Le risque pour les enfants est donc présent, mais faible. Le risque par les enfants est lui aussi présent, mais faible.
Ensuite, l'éducation est un droit fondamental des enfants. Et l'on est obligé de constater que dans la pratique, beaucoup d'enfants des classes obligatoires sont actuellement sans accès. Bien sûr, il y a l'école à la maison. Mais suivre l'école sur son ordinateur à la maison, cela présuppose toute une série de choses. On doit avoir un ordinateur, une connection internet suffisamment fiable, de l'aide de ses parents. Les parents doivent donc être suffisamment formés, et disponibles. Cela fait beaucoup. Une maman médecin, un papa facteur, et hop un parent ou les deux ne sont pas à la maison. Les parents présents mais dépassés, et hop plus vraiment d'école. Et dans le confinement on peut très très vite devenir dépassé. Certains enfants sont, en pratique, non scolarisés depuis le début du confinement.
Il y a donc un conflit de valeurs. D'une part, oui, protéger la santé des enfants et de leur parents c'est très important. D'autre part pourtant, garantir l'accès à l'éducation c'est aussi très important. On protégerait davantage la santé des enfants en maintenant les écoles fermées. Mais les maintenir fermées jusqu'à la fin de l'épidémie veut dire laisser beaucoup d'enfants sans accès à l'éducation pendant des mois ou des années. Pour ménager autant que possible les deux, il va falloir ouvrir sans attendre la fin de l'épidémie, mais avec des protections. Les écoles et les cantons y travaillent d'arrache-pied ces temps. Ces protections ne seront pas infaillibles. Mais elles permettront de baisser, encore un peu plus, un risque qui est déjà faible au départ. Pour certains, les protections devront être plus marquées: certains enfants sont plus vulnérables, ou surtout vivent avec des personnes plus vulnérables. Certains enseignants sont plus à risque que d'autres. Il faudra des solutions pour permettre l'accès à l'éducation avec des protections accrues dans ces cas. En général, peut-être faudra-t-il des ajustements en cours de route. Peut-être même qu'il faudra parfois refermer, ou refermer davantage. Le risque ne sera pas à zéro, mais il sera faible. Sera-t-il acceptable? La question est difficile. Mais n'accepter qu'un risque zéro voudrait dire sacrifier le droit à l'éducation. Et ça, ça ne semble pas acceptable.
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1 commentaire:
On me rappelle sur les réseaux sociaux qu'il y a en plus la situation des enfants victimes de violences, et pour lesquels l'école est une source importante d'aide et de sécurité. C'est vrai. Il y a aussi des enfants dont les repas subventionnés à la cantine scolaire sont la seule nourriture saine disponible. L'école, ce n'est jamais seulement l'école. C'est vrai.
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