Evidence-based politics?

C'est de nouveau le moment de mon billet dans la Revue Médicale Suisse. Comme d'habitude, un extrait et le lien:

"Un lien entre les politiques publiques et la santé ? A force de vivre dans la médecine, on le voit partout. Ce père de famille qui n’a pas le temps de faire du sport parce que le trajet entre le domicile qu’il a trouvé et le travail qu’il doit garder lui prend deux heures de voiture par jour. Cette employée en burnout qui s’occupe en plus de son travail de ses jeunes enfants et d’un parent âgé. Cette gentille dame démente qui ne sortira plus vraiment de chez elle parce qu’elle est devenue incapable d’apprendre le fonctionnement de la énième nouvelle machine des TPG. Les décisions politiques, après tout, servent à avoir un impact sur les conditions de vie des personnes. Et ces conditions ont évidemment un effet sur leur santé. Banal, me direz-vous. Sauf que non. Imaginez que l’on ait pour les décisions politiques la même exigence de «mise sur le marché» que pour des produits plus matériels : que l’on exige que leurs effets secondaires soient justifiés par leurs avantages, que tout cela soit chiffré, fasse l’objet d’une surveillance post-implémentation, et qu’une instance de 
surveillance «retire» toute décision dont les effets s’avéreraient clairement délétères."

Vous venez après nous dire ce que vous en pensez dans les commentaires?

Diagnostic préimplantatoire: voyage aux limites de la démocratie

Le Conseil fédéral propose de légaliser le diagnostic préimplantatoire. Il est grand temps. Oui, il est grand temps. Un très bel éditorial, récemment, dans Le Temps sur ce point. Petit rappel:

Sous l'angle technique, le diagnostic préimplantatoire c'est une méthode pouvant être utilisée lors de la fertilisation in vitro, qui permet d'analyser quelques caractéristiques génétiques d'un embryon très précoce, avant de l'implanter...ou non. 

L'Académie Suisse des Sciences Médicales avait fait sur cette technique un factsheet très utile, auquel je vous renvoie pour les questions techniques.

Sous l'angle humain, le diagnostic préimplantatoire est une méthode qui permet à des couples frappés lourdement par une maladie génétique grave, à des personnes qui ont parfois déjà perdu un enfant, parfois plusieurs, de donner la vie malgré cela sans devoir à nouveau traverser les mêmes épreuves. 

Sous l'angle éthique, c'est une technique qui soulève des passions contre elle. Je vous les avais décrites il y a quelques temps. Si on examine ces arguments, on constate en revanche que malgré tous les soucis soulevés, les points en faveur de la légalisation du DPI sont assez forts. On est - pour faire simple - face à un enjeu de liberté reproductive, un des droits personnels les mieux protégés, à laquelle on oppose des limites. Des limites peuvent en théorie être justifiées même si la liberté reproductive est importante, mais elles doivent avoir une justification.

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Vos gènes à vous!

Vous vous rappelez le cas de Myriad genetics et du brevet sur le BRCA1? Et bien la Cour Suprême des Etats-Unis a cassé leur brevet. L'argumentaire complet est ici, et il y a un résumé simplifié (toujours en anglais) ici. L'argument principal est qu'un gène extrait de son 'milieu naturel', donc du génome, n'est pas à proprement parler une fabrication humaine. Il reste un élément naturel. Or, les brevets existent pour protéger les inventions, et non les découvertes. On ne peut pas breveter une planète, ou une particule élémentaire, on ne peut pas non plus breveter une feuille que l'on aurait enlevée à son arbre, on ne peut pas breveter un gène au seul motif qu'il a été découvert ou sorti de son environnement.

C'est une très très bonne nouvelle.

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Billet d'invité: Les cellules souches et le marché de l'espoir

Cette fois, c'est un billet d'invité. Un grand merci à mon collègue Alex Mauron qui vous écrit aujourd'hui à ma place:

Le 22 mai, entérinant un vote préalable de la Chambre des députés, le Sénat italien a donné son aval à un essai thérapeutique d’un traitement à base de cellules souches mésenchymateuses tirées de la moelle osseuse. Trois millions d’euros sont budgétés pour cet essai, mis au point par un professeur de psychologie de la communication sans formation médicale, Davide Vannoni. Comme le relate le site Bio News, il n’y a pas une miette d’évidence scientifique à l’appui de ce traitement, si ce n’est de mystérieux articles dans des journaux chinois, articles que Vannoni et la Fondation Stamina qu’il dirige ne communiquent pas. Trois millions d’euros : une jolie somme si l’on considère la pingrerie du financement public de la recherche biomédicale en Italie.

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Manger de la viande

Bon, je vous ai fait pas mal de billets sur des questions d'éthique humaine, faisons-en un pour une fois sur l'éthique animale. Pour commencer, un billet d'introduction donc.

Les personnes (et il y en a statistiquement sans doute parmi vous) qui s'abstiennent de manger de la viande avancent en général quatre sortes d'arguments: leur propre santé, le souci de la souffrance animale, l'opposition à l'exploitation des animaux, et le coût écologique de l'élevage.

Ces arguments ne sont bien sûr pas sur le même plan.

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Eh oui, encore mes collègues...

Cette fois c'est Alex Mauron, qui a signé une très belle tribune dans Le Temps sur un sujet dont je vous ai aussi parlé. Allez le lire. Ici, juste un extrait et le lien:

"Publié le 14 mai dernier, l’arrêt «Gross contre Suisse» de la Cour européenne des droits de l’homme remet sur le tapis un sujet de controverse que beaucoup ont peut-être cru réglé une fois pour toutes dans notre pays, à savoir la pratique légale de l’assistance au suicide."

Ensuite, dites-nous ce que vous en pensez, d'accord?

Mes collègues...

Une collègue juriste, cette fois, et une vraiment excellente. Elle écrivait il y a quelques temps dans Le Temps, sur le sujet de Novartis accusée aux Etats-Unis "d’avoir violé la législation interdisant les kickbacks (Anti-kickback Statute) et celle sur les fausses factures (False Claims Act, FCA)". Un sujet délicat va-t-on dire. Comme d'habitude, un extrait et le lien:

"Aujourd’hui, le géant suisse conteste entièrement les accusations du gouvernement américain et il sera intéressant de voir si cette affaire ira devant les tribunaux. En effet, les négociations à l’amiable étant la règle, les jugements suite à un procès sont extrêmement rares. De plus, l’affaire Novartis soulève la question hautement délicate des rabais: la frontière entre les rabais de quantité jugés neutres et ceux qui influent de manière inadmissible la liberté de jugement des professionnels de la santé est très incertaine.
La Suisse ne connaît pas de législation similaire au False Claims Act. En revanche, elle interdit ou contrôle les kickbacks dans le secteur de la santé."

Allez lire la suite. C'est un sujet intéressant. En Suisse, bien sûr, ces pratiques sont également interdites, comme le souligne Valérie Junod.  Mais comme elle le souligne également, les frontières entre ce qui est permis et ce qui ne l'est pas peuvent être floue. Qu'est-ce qui constitue, exactement, un 'kickback'?

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