Qui veut de bonnes universités ne se limite pas à une nationalité

Une prise de position importante des Académies suisses des Sciences, qui s'expriment ici avec le Fonds National Suisse, les rectrices et les recteurs ainsi que les présidents et présidentes des hautes écoles suisses, sur ce qui est sans doute l'enjeu le plus important des votations prochaines: l'initiative sur l'immigration. Nous sommes très fiers en Suisse, et à juste titre, d'avoir une science qui se situe à la pointe mondiale. Par rapport au nombre d'habitants, la Suisse totalise plus de prix Nobel que n'importe quel autre pays, nous sommes un des pays où l'innovation innove le plus, et notre place scientifique nous est enviée.

Malgré l'image en forme de boutade qui ouvre ce billet, cette concentration d'excellence n'est sans doute pas due (c'est peut-être dommage) à notre consommation de chocolat. Elle est due, bien sûr, à un grand nombre de facteurs. Parmi eux, cependant, il y a la possibilité d'attirer dans nos Universités, nos Hautes écoles, nos laboratoires, les meilleurs chercheurs quelles que soient leurs nationalités. Ils amènent leur intelligence, mais aussi leurs réseaux, les chercheurs nés en Suisse en bénéficient comme étudiant d'abord, puis en allant à leur tour à l'étranger plus facilement grâce à des liens ainsi tissés, pour revenir contribuer à leur tour de retour au pays.

Pas étonnant, donc, que les représentants de la place scientifique suisse prennent ici position.

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Mes collègues...

On change de sujet: très bel interview d'Alex Mauron hier matin dans la Tribune de Genève, sur la progression du nombre de membres d'EXIT. Un phénomène spécifiquement helvétique, ce succès d'associations d'aide au suicide. Nous sommes le seul pays au monde où l'assistance au suicide non médicalisée est légale, et où l'on fait confiance à des entités associatives pour cette ... tâche? activité? responsabilité? On hésite. Nos hésitations sont parfois problématiques: la Cour Européenne vient de nous le rappeler. Mais elles sont aussi très intéressantes.  Dans la mesure où le nombre de membres des associations d'aide au suicide grandit, nos hésitations deviennent aussi plus visibles, peut-être plus pressantes. Un extrait:


"Il serait préférable pour tout le monde que l'on ait une grille de lecture claire. Il faut accepter que ces actes font partie de la réalité sociale suisse. Actuellement, le rôle du médecin reste à ce point flou que cela empêche toute discussion. En Suisse, on se cache derrière une certaine informa- lité, un pragmatisme Tout cela a ses limi- tes et nous les avons atteintes. Surtout si l'assistance au suicide est toujours plus fréquente et se pratique dans de nou- veaux cas comme les polypathologies invalidantes sans maladie mortelle."


Allez le lire, et ensuite dites-nous ce que vous en pensez dans les commentaires...

Mes étudiants: Avorter peu, et en sécurité (3)

Il n'y a pas que mes collègues qui sont bien: mes étudiants aussi! L'un d'entre eux m'a posé récemment une série de questions qui méritent un public plus large. Comme vous allez voir, il n'est pas d'accord avec moi. Je tiens donc à préciser que je suis heureuse et fière quand mes étudiants posent de bonnes questions, et que cela vaut parfois encore plus quand ils ne sont pas d'accord avec ce que j'ai dit. Nos débats publiques sont fait de désaccords, et un de nos buts dans l'enseignement est de former des participants intelligents, quelles que soient ensuite leurs positions.

Maintenant, ses questions. La première est en lien avec le fait de payer pour d'autres alors qu'on n'est pas d'accord avec eux. Je vous en avais déjà parlé.

Sa question: "Vous présentez le remboursement de l'avortement comme une responsabilité collective, un acte nécessaire pour le bien de la société. Pourtant certaines personnes considèrent cet acte comme un meurtre. Pensez vous juste que certaines personnes soit obligé de cotiser pour ce qu'ils considèrent comme un crime?"

Il a tout à fait raison que certaines personnes considèrent l'avortement comme un meurtre. Et si l'on pense cela, alors il est évident qu'il ne faut pas le faciliter. Et il peut sembler que le rembourser, c'est le faciliter. Il est cela dit tout aussi évident que si l'on pense que l'avortement est un meurtre, alors il ne faut pas non plus l'autoriser. En d'autres termes si c'est cela que l'on pense alors cette initiative n'est pas la bonne réponse.

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Mes collègues: avorter peu, et en sécurité (2)

Ils sont décidément bien, mes collègues. Cette fois, c'est un interview à la radio par le théologien Denis Müller. Il y dit plusieurs choses importantes. Une d'entre elles est que dérembourser l'avortement défavoriserait...les femmes défavorisées.

C'est une réalité très concrète. Interrompre une grossesse coûte, d'après les estimations disponibles, entre 500.- et 3000.-. Une somme qu'un grand nombre de personnes peuvent se permettre si elles l'estiment vraiment important. Ces personnes pourraient être tentées de penser que, du coup, ce n'est pas si grave si l'assurance ne payait plus. Mais il se trouve que l'Office fédérale de la statistique a posé récemment à la population suisse une question qui concerne justement cela. "Si vous deviez faire face à une dépense inattendue" nous a-t-on demandé (j'étais parmi les foyers questionnés) "pourriez-vous le faire?" et il était précisé, car on ne peut pas vraiment répondre sans cette précision, qu'il s'agissait d'une dépense de deux à trois mille francs. A peu près le coût, donc, d'une interruption de grossesse. Les résultats? 17% de la population a répondu que non.

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Vos favoris de 2013

C'est de nouveau le moment de vous faire un best of. Comme les années précédentes, je me base sur la fréquence de vos visites pour vous en faire la liste.

Voici donc, dans l'ordre inverse comme il se doit, les 10 pages les plus lues de 2013:

10) Les cellules souches et le marché de l'espoir (un billet d'invité d'Alex Mauron)

9) Suicides au sommet (un autre des billets d'invités d'Alex Mauron. Je vous les remets tous en lien ici, du coup: profitez de les relire au passage)

8) Avorter peu et en sécurité (1 sans doute)...et là je suis impressionnée car un billet doit être très très lu pour se trouver dans le top ten de l'année alors qu'il a été écrit mi-décembre!

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