Cas à commenter: un arrêt qui pourrait faire date

La Cour Européenne des Droits de l'Homme vient d'épingler la Suisse sur le sujet de l'assistance au suicide. On va donc sans doute reparler du sujet. Qu'ont-ils critiqué? Pas l'autorisation de l'assistance au suicide. C'est important. Non, la Suisse est reprise sur le flou qui entoure quels cas sont, ou non, autorisés. Pour les personnes intéressées, l'arrêt est ici (version provisoire). Mais un petit rappel n'est sans doute pas de trop:

En Suisse, l'assistance au suicide est légale. C'est considéré comme un droit, mais un droit d'une sorte spécifique: un droit-liberté. C'est quoi? C'est un droit à ce qu'on vous laisse faire, dans les limites fixées par la loi. Par exemple, si vous avez un droit liberté à exprimer vos opinion, personne n'a le droit de vous censurer. En revanche, on n'a pas non plus de devoir de vous fournir les moyens de publier votre avis. Le mariage est un autre exemple: personne ne peut vous interdire de vous marier si certaines conditions sont remplies (être majeur, être célibataire...), mais personne n'a non plus de devoir de vous donner les moyens de vous marier. Si vous êtes célibataire et malheureux de votre état, il n'y a pas de service collectif où vous pourriez aller chercher un conjoint. Dans le cas de l'assistance au suicide, c'est semblable: toute personne a le droit d'en aider une autre à se suicider si certaines circonstances sont remplies, mais il n'y a jamais de devoir de le faire.

L'assistance au suicide, dans sa version suisse, est donc un accord entre particuliers, dont l'état se borne à fixer les limites. Quelles sont ces limites? C'est là que ça se complique, car en fait il y en a trois versions.

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Vos gènes à vous?

Tout le monde parle d'Angelina ces temps bien sûr, mais derrière la technique diagnostique sur lequel repose -en partie- son 'choix médical', il y a ces temps un cas fascinant devant la Cour Suprême américaines. La firme Myriad Genetics y défend un brevet qui serait presque un droit de propriété sur deux de nos gènes. Comment ça, me direz-vous peut-être...nos gènes, une firme ne peut pas les posséder! Minute, là, en fait on ne les possède même pas véritablement nous-mêmes. D'accord, ce sont les nôtres parce qu'ils font partie de nos cellules, intimément partie de notre corps, qu'ils sont liés à notre identité, mais en fait nous les partageons avec notre famille, les humains, et tout le vivant. Et on ne peut pas les posséder au sens usuel: la possession donne normalement le droit de détruire ce que l'on possède et vous avez déjà essayé, vous, de détruire un de vos gènes?

Nous sommes donc à la base dans un domaine où l'idée même de la propriété donne un peu le vertige. Précisons donc.



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Combien seriez-vous prêts à payer?

Une histoire dont nous avons sans doute tous entendu une variante ou l'autre dans notre enfance:

Un homme doit se rendre sur l'autre rive d'un lac gelé et engage un passeur pour le lui faire traverser en traineau. Arrivés au milieu, les deux hommes se rendent compte que la glace est fragile: le printemps est proche, elle craque par endroits. Épouvanté, le passager supplie le passeur d’accélérer. "Plus vite! Plus vite! Je vous payerai ce que vous demanderez!". Ils arrivent finalement sains et saufs sur l'autre rive. Le passager demande alors combien il doit. "Pas grand chose" réplique le passeur "juste un dixième de ce que vous étiez prêt à payer quand nous étions encore sur le lac..."

On sourit, et peut-être après réfléchit-on.

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Et si on démocratisait les OGM? (1)

J'ai écrit récemment une des parties d'un débat sur les organismes génétiquement modifiés. Il est paru dans Moins! un journal que vous ne connaissez peut-être pas et dont voici le site pour les personnes intéressées. Petit coup de pub: allez le lire, en version papier donc car c'est la seule qui existe, au moins pour le débat en question...

Mais pour ceux qui n'y auraient pas accès, je vais vous donner ma partie, avec quelques commentaires, en chapitres successifs. Surtout que dans le débat 'pour et contre' il y a toujours une part de trop simple. Car au fond, si la question n'était pas si mais comment? J'ai croisé samedi en rentrant du marché le livreur de Moins! qui venait nous apporter ce numéro. Les bras pleins de paniers de plantons, il n'a pas dû se rendre compte que c'était moi qui avais écrit la défense des OGM dans son journal. Quand on pense OGM, on ne pense pas jardinage mais industrie. Pas liberté mais exploitation. Et si c'était différent? Et si, pour reprendre le titre de ce billet, on démocratisait les OGM? Plein de choses changeraient, certainement. Petit arrêt sur image. Plein de choses, vous dites? Ne serait-ce pas intéressant ici, si les questions soulevées par les OGM changeaient du coup aussi? Car quand une technologie pose des questions différentes suivant comment on l'applique, alors c'est que la question réelle n'est pas de savoir si on est pour ou contre mais plutôt comment on veut l'appliquer. Et si, donc, on démocratisait les OGM? Voilà une question qui n'a pas eu la place dans le débat du journal. Pas par manque d'intérêt, sans doute, mais les limites de place sont ainsi. Alors je vais profiter d'aborder ça ici, chapitre par chapitre. Et pour lire l'autre partie, eh bien il faudra acheter le journal. Curieux? On y va...

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Grève de la faim: exemples contrastés...

Difficile de faire plus différent. En Suisse, on a reparlé récemment de prise en charge de grèves de la faim lors du décès d'un prisonnier dans le canton de Zoug. Ce canton avait récemment changé sa législation pour interdire la nutrition forcée d'un détenu en grève de la faim, du moment entre autres qu'il serait capable de discernement. Un certain nombre de cantons l'ont fait, cela, à la suite de la grève de la faim de Bernard Rappaz. Alors oui, qu'un décès survienne suite à un jeûne de protestation, c'est triste. Mais dès lors qu'une personne décidée refuse d'être nourrie, exprime ce refus en toute lucidité, ce n'est pas la pire issue possible.

Difficile de faire plus différent. Dans le monde entier, on a reparlé récemment de nutrition forcée des prisonniers de Guantanamo. Plus d'une douzaine de détenus y sont nourris artificiellement, dont certains de force.

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