Un doctorat ça suffit pas...

Étudier, ce n'est pas seulement apprendre des choses. C'est aussi se forger la réflexion. Et parfois le caractère. Sauf que parfois, ça ne suffit pas. Et parfois, en toute justice, les circonstances rendent d'emblée le projet plus difficile que d'autres. Un exemple cette semaine: la thèse de doctorat de Saif al-Islam Muammar al-Gaddafi.

Une lecture en marge des événements du Moyen-Orient très différente de la dernière, ça. Et ici on ne sait pas s'il faut rire ou pleurer. Saif, c'est celui qui alterne depuis une semaine avec son père sur nos petits écrans, et promet la mort aux opposants du régime. Mais Saif, c'est aussi l'auteur d'une thèse de doctorat en philosophie de la London School of Economics datée de 2008 et intitulée "Le rôle de la société civile dans la démocratisation des institutions de gouvernance internationale".

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Dons pour les réfugiés de Libye

Pas de long texte, juste quelques adresses. Car aux frontières de la Libye c'est peu à peu une catastrophe humanitaire qui monte. Les régions frontalières, notamment, en Tunisie, font face comme elles peuvent et avec une générosité admirable, mais ce genre de situation est susceptible de vite dépasser les moyens régionaux.

Vos dons sont les bienvenus auprès des organisations suivantes:

Et si vous connaissez d'autres organisations humanitaires fiables et engagées sur place, merci de les indiquer dans les commentaires...

Science émancipatrice



Joli documentaire sur la place de la science dans les institutions européennes. Regardez-le, ça vaut le coup. Il dure environ 25 minutes. Et si vous avez un avis sur l'un ou l'autre point, donnez-le dans les commentaires...

La force des idées

Gene Sharp, vous connaissez? C'est quelqu'un qui vaut la peine d'être lu en marge des événements de Tunisie, Égypte, Libye, Yemen, enfin bref de tous les pays qui sont sur cette liste.

Alors qui c'est, Gene Sharp? A première vue, pas un type bien dangereux. 83 ans, une vie d'intellectuel que les journalistes vont photographier au milieu de ses livres. Mais, car il y a un mais, il se trouve qu'il écrit des guides pratiques pour la révolution non violente, qui ont été traduits en 24 langues et distribués gratuitement sur internet. Ah oui, et puis des formateurs du International Centre for Nonviolent Action se sont trouvé comme ça juste par hasard au Caire il y a quelques années, ils ont distribué sa documentation aux personnes intéressées. Oui, il devait y en avoir...

Interviewé récemment par le New York Times, il est parfaitement clair: il analyse et écrit, mais n'est pas à l'origine des mouvements qui pourraient s'inspirer de ses méthodes. Ses écrits aussi, d'ailleurs, sont parfaitement clairs. Ça vaut le coup d'oeil.

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Post scriptum

Vous vous rappelez le recours des médecins dans l'affaire de Bernard Rappaz? Si vous êtes en Suisse, vous connaissez les faits. Si ce n'est pas le cas, vous trouverez un résumé ici, et plusieurs commentaires précédents ici, ici, ici, et ici . Suite à l'ordre qui leur avait été donné de nourrir de force leur patient, les médecins responsables de la prise en charge clinique de Bernard Rappaz avaient refusé d'obtempérer, et fait appel devant le Tribunal Fédéral. Il vient de statuer...qu'il ne statuerait pas.

L'arrêt complet se trouve dans la jurisprudence du TF, et on le trouve facilement en tapant 6B _1011/2010 ici. L'essentiel:

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Un enfant pour en sauver un autre

Vous vous rappelez des discussions s'il y a 15 jours, sur le 'bébé médicament'? Bon, 15 jours ce n'est pas si long. Mais je dois dire que ma première réaction (et celle de quelques collègues qui se reconnaîtront) a été de trouver que les médias ont parfois la mémoire courte. Car cette histoire du premier 'bébé du double espoir' né en France aurait dû nous rappeler ici quelque chose d'il y a pas si distant. En 2007, l'histoire d'Élodie et Noah faisait la Une chez nous.

Malgré l'humour plutôt grinçant que ces cas suscitent, ce sont des situations sérieuses.

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Assistance au suicide: les cas les plus difficiles

C'est un des avantages d'un pays où le débat sur la fin de vie comporte moins de tabous: la Suisse ne reste jamais très longtemps sans se questionner sur les enjeux de la mort choisie. Et un des enjeux qui revient périodiquement sur le tapis est celui des motifs du choix de mourir. Faut-il être en fin de vie? Faut-il même souffrir d'une maladie? Suffit-il de simplement demander à mourir, quelles que soient nos raison, pour obtenir la mort en médicaments? Cela suffit-il d'être 'fatigué de vivre'?

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Qui fait quoi et combien ça coûte?

Dans un excellent billet (malheureusement pas en ligne), André Chuffart commentait dans Le Temps d'hier la transparence dans l'assurance maladie. Un sujet très consensuel, ça. Tout le monde il est d'accord, et en plus c'est dans la loi, les caisses maladies qui pratiquent l'assurance de base doivent se soumettre à une surveillance, et rendre des comptes.

Malheureusement, ce beau consensus cache une peau de chagrin.

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Cartes blanches


Aller, un coup de pub! Ce livre qui vient de paraître est très très inhabituel. Et votre servante y a contribué. Si vous dites à, disons, une bonne douzaine de personnes, médecins ou travaillant proche de la médecine, de vous raconter régulièrement quelque chose, n'importe quoi, que va-t-il en sortir? Une série d'histoires rares, peu ou pas racontées, sur le quotidien de la médecine d'aujourd'hui. Ça parle de tout un tas de personnes, de patients, de collègues, de paperasses, de patients, de patients, de vuvuzelas(!), encore de patients, y compris une charmante petite dame qui discute de choisir le jour de sa mort pour conclure qu'en tout cas, ce sera pas aujourd'hui car il y a le match! La vraie vie, quoi.

Vous trouverez une recension plus officielle ici. Mais pour vous dire pourquoi je pense que vous devriez lire ce livre, voici ce que j'ai répondu à l'éditeur:

'La médecine ouvre les coulisses de la société. Ce n’est pas la seule activité qui le nécessite, mais elle permet d’aborder ces coulisses à travers les contacts personnels, et de le faire autour des expériences profondément communes à l’humanité que sont la maladie et la mortalité. Dans ces moments, il arrive régulièrement que les masques tombent. En même temps, soigner la maladie c’est aussi permettre de protéger, voire de retrouver, un rôle social ‘hors des coulisses’, de garder le masque. On ne voit plus ni nos semblables ni nos sociétés du même œil lorsqu’on a pris l’habitude de les voir à travers l’expérience clinique.

(...)
L’abord de l’être humain qu’offre la médecine nous montre [aussi] que notre expérience commune est infiniment plus vaste que ce qui nous divise. (...) Des ingrédients de communauté humaine. Cette expérience commune, il est précieux de la voir et important d’en reconnaître les besoins. Mais elle est souvent invisible. Et l’importance que la médecine puisse continuer de l’accueillir avec respect reste trop souvent implicite pour être correctement protégée.

(...)
Plus pragmatiquement, il y a aussi le regard sur l’expérience et la structure du système de santé. Cette vue ‘à raz le sol’ est importante pour ce dernier point. Dans les mutations d’un système de santé, les soignants sont les canaris dans la mine : ils voient le danger avant.'

Envie de lire? C'est le but!

...c'est vrai, ça?

Mais justement, on se disait que l’an prochain on allait la faire vacciner... !

La mère est atterrée. Sa grande fille de bientôt 15 ans a la rougeole, et elle ne va pas bien du tout. Dans les yeux de la mère, on la voit presque se refaire le film. Le pédiatre. Les magazines. Les amis. Les conseils contradictoires. Son enfant. Les hésitations. Les craintes. La décision toujours repoussée : plus tard on y verra plus clair, elle sera plus grande...

La réalité est parfois bien difficile.

Et pas seulement celle qui nous touche avec précision, à un moment donné. Comme celle qu’il faut maintenant expliquer, à cette adolescente, et à sa mère. Avec ses nuances, ses incertitudes, son côté probabiliste, certes, mais aussi son côté tenace. Mais je pensais que... et puis non. Le principe de réalité, dit-on parfois. En médecine, on y est beaucoup confronté. Ailleurs ? Parfois. Pas partout. Pas toujours.

Et on a parfois l’impression qu’il est difficile en tant que tel, ce côté... réel, non ? Ce noyau dur qui reste, malgré tout le génie d’opinions et d’interprétations que nous autres humains mettons dessus. Ce fut du coup très étrange que de comparer l’actualité britannique et l’actualité suisse il y a quelque temps. Car en Angleterre, on publie l’analyse approfondie de l’histoire de Wakefield. Celui-là même qui avait ouvert la question d’un lien entre le vaccin contre la rougeole et l’autisme, et ainsi lancé la discussion dont la patiente de tout à l’heure fut une victime. Une question pas absurde à la base, mais dont on sait désormais depuis longtemps que la réponse est non. Aucun lien entre la vaccination et l’autisme. Et les dernières nouvelles sont édifiantes : le BMJ décrypte ces temps, chapitre après chapitre, l’histoire d’un cas de conflit d’intérêts massif et mal géré.

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Contrôler les coûts de la santé: oui mais comment?

Il semble que ce soit une année où l'on parlera de limitation des coûts de la santé. L'automne dernier, le Tribunal Fédéral a publié un arrêt (9C_334/2010, pour les curieux) que je vous commenterai tout bientôt. Et le Département Fédéral de l'Intérieur prend décision sur décision touchant à ça.

Sur le fond, tant mieux! Ça fait beaucoup trop longtemps que la question ne faisait pas l'objet de discussions. Alors en guise d'introduction à ce qui va sans doute devenir une série de billets au fil du temps, je vous remets un truc que j'avais écrit il y a quelques temps déjà, ailleurs. Concernant où mettre la limite lorsqu'on...limite les coûts de la santé:

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