Notre autre morale darwinienne

Vous trouvez que je vous parle beaucoup d'évolution ces temps? Eh bien ce n'est pas seulement parce que c'est une année Darwin, ni uniquement parce que les liens entre la biologie de l'évolution et l'éthique sont incompris. Non, en comprenant mieux comment marche la sélection naturelle, on peut ... mieux aider nos semblables!

Cet autre lien entre la biologie de l'évolution et la bioéthique (ici celle de la santé publique) est expliqué dans la conférence enregistrée ici. Paul Ewald y explique comment, si l'on pose les bonnes questions, on peut quasiment en venir à 'domestiquer les bactéries'. Comment faire un truc pareil? Actuellement, lorsqu'un micro-organisme nous cause du mal, soit on le tolère (quand on n'a pas le choix, ou qu'il est bénin, ces deux conditions s'appliquent au rhume par exemple), soit on prend des antibiotiques. En d'autres termes, on lui tape dessus.

Mieux comprendre les mécanismes de sélection naturelle qui opèrent sur les micro-organismes permet de faire quelque chose de plus subtil: leur tirer le tapis sous les pieds.

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Viva la evolución

Si la théorie de l'évolution reste largement incomprise alors même qu'elle est devenue la langue maternelle de la biologie actuelle, c'est un peu parce que trop souvent on ignore à la fois ce qu'est l'évolution...et ce qu'est une théorie.

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Un monde plus beau que nos rêves?

Comme nous parlions justement de théocratie, je me suis rappelé qu'on reproche souvent à la compréhension scientifique du monde de manquer de sens du merveilleux. De poésie. D'empathie. De morale (ça j'en ai déjà parlé). En bref d'humanité. Je n'ai probablement pas besoin de prendre de gants avec les personnes qui viennent lire ici mais, si je vous me passez l'expression, foutaises que ces critiques.

D'abord, vous avez vu cette photo? Et puis je me suis dit que tiens, aujourd'hui j'allais vous fais une traduction. D'un vrai scientifique.

"Nous allons mourir, et cela fait de nous ceux qui ont de la chance. La plupart des gens ne mourront jamais, parce qu'ils ne seront jamais nés. Les personnes potentielles qui auraient pu être ici à ma place -mais qui ne verront en fait jamais la lumière du jour- sont plus nombreuses que les grains de sable du Sahara. Certainement, parmi ces fantômes sans vie, des poètes plus grands que Keats, des scientifiques plus grands que Newton. Nous savons cela, car l'ensemble des personnes rendues possibles par notre ADN dépasse si massivement l'ensemble des personnes existantes. Au nez et à la barbe de stupéfiantes probabilités contraires, c'est vous et moi, si ordinaires, qui sommes ici. "

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Twitter: #Iranelection

Si vous n'avez pas encore été regarder la 'mer de vert' virtuelle, vous êtes en train de rater quelque chose. Quelque chose d'important? Sans doute. Deux semaines que les élections iraniennes ont été truquées, deux semaines que le thème #iranelection reste en tête des conversations sur Twitter. Ce mélange de communication directe, de conversation mondiale, et de reportage amateur démultiplié est sans précédent. Bien sûr il comporte ses risques. Tout n'y est pas fiable. La conversation se laisse tauper par des erreurs, hâtives ou induites. Et sa facilité même rend cette technologie vulnérable à la surveillance.

Mais les possibilités sont frappantes.

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Attendre, attendre...

Nos pauvres têtes blondes ont bon dos. Après toutes les formes diverses et variées de tests d'intelligence cognitive, émotionnelle, les résultats scolaires, et toute l'expérimentation qui va avec le développement pédagogique auprès des petits enfants, voilà t'y pas qu'on invente une nouvelle sorte de torture.

Sauf que celle là, elle est fascinante. Imaginez: vous donnez à un enfant un marshmallow. Vous lui dites que vous allez partir, le laisser seul avec, et que dans 15 minutes (15 minutes!!! autant dire une éternité) vous reviendrez voir s'il l'a mangé ou non. S'il est encore là, il en aura un deuxième. La double mise. Il pourra les manger tous les deux. Chic! Mais pour cela il doit résister à la tentation, et faire preuve de capacité à accepter un délai de gratification.

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Un coup de fil pas si facile?

C'était il y a quelques années et elle était toute embêtée, la dame, au téléphone. Évidemment, on peut comprendre : elle tenait absolument à avoir un rendez-vous, et je venais de lui dire carrément non. Mince. Alors, comme on ne veut pas manquer de cœur, j’ai pris le temps de lui expliquer qu’il n’y avait là rien de personnel. Que j’avais d’ailleurs même beaucoup de respect pour la difficulté de son travail. Le marketing pharmaceutique, ça ne doit pas être tous les jours très drôle.

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Singlière multitude

Depuis longtemps, on reproche aux soignants de ne pas assez reconnaître l’individualité de leurs patients. Changement de décor, face au politique voilà qu’ils s’en retrouvent parfois les uniques défenseurs. Et la tâche est délicate. Car, entre regarder la foule ou les personnes qui la compose, on se perd. Soigner un individu souffrant, c’est écouter une subjectivité différente des autres. C’est inscrire son action dans un contexte de vie unique à cette personne. C’est reconnaître son unicité. En même temps, soigner cette personne c’est aussi appliquer des connaissances issues de données collectives. C’est comparer ses décisions aux décisions de ses confrères, à des directives générales. C’est reconnaître les points communs de nos corps, de nos maladies...

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Questions d'éthique clinique

Allez vite voir l'excellente émission diffusée par Arte sur le Centre d'Ethique Clinique de l'hôpital Cochin. Elle ne sera disponible sur Arte+7 que 7 jours. A bon entendeur...

Née d’une rencontre entre des cliniciens, confrontés à des difficultés éthiques de plus en plus complexes, et les praticiens de la jeune discipline qu’était alors la bioéthique, l'éthique clinique reste difficile à expliquer.

Curieux? Allez voir l'émission...

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Le suicide assisté en Suisse

Le numéro de juin de la revue Bioethica Forum, notre revue suisse de bioéthique, vient de paraître sur le thème de l'assistance au suicide.

Ce sujet très sérieux reste à l'actualité, et pas seulement en Suisse. Récemment, la chambre des Lords anglais débattait d'un point tatillon mais important: faut-il décriminaliser le fait d'accompagner un citoyen britannique en vue d'une assistance au suicide dans un pays étranger? Ce problème, qui concerne surtout des voyages en Suisse par des patients souffrant de maladies terminales, n'a pas l'air de disparaître tout seul. Or, actuellement, toute forme d'aide au suicide est interdite au Royaume Uni. Cela inclut techniquement l'achat d'un billet pour la Suisse pour un proche. Comment les traiter, alors, ces proches récemment endeuillés, qui reviennent au pays? La situation en Suisse a des répercussions internationales inattendues...

Les thèmes abordés dans ce numéro couvrent un champs large. Comment aborde-t-on des demandes de mort dans un pays où l'assistance au suicide est légale? Comment évalue-t-on la capacité de discernement des personnes qui font une telle demande? Comment pense-t-on 'le bien mourir' dans nos sociétés? Si vous êtes intéressé, la table des matières peut être visionnée en cliquant sur l'image. Le journal est accessible en ligne ici. Pour accéder à ce dernier numéro, c'est très simple: pour une somme modique, abonnez-vous...ou mieux: devenez membre de la société suisse d'éthique biomédicale. Après tout, si vous êtes ici c'est que ces sujets vous intéressent, non?

Colloque - Médecine humanitaire et droits humains

Comme ce blog est lu par des personnes qui peuvent être intéressées, et que certaines (certaines!) ne vivent pas trop loin, je vous annonce les colloques de l'Institut d'éthique biomédicale où je travaille. Le prochain aura lieu le lundi 15 juin, et il sera question de droits humains, et du rôle de la médecine légale dans leur défense.

Un domaine dont on aimerait que la nécessité diminue, mais dont l'importance augmente plutôt car il est d'une triste actualité.

Ce colloque offrira un exemple d'activités et de recherche dans ce domaine. Il aura lieu le lundi 15 juin 2009, de 12h30 à 13h45. C'est aux Hôpitaux Universitaires de Genève, c'est-à-dire ici (sauf que la rue s'appelle depuis peu autrement, mais vous trouverez). Montez au 6e étage, c'est la salle 6-758 (6ème étage Bât. Principal – Médecine Interne - Bibliothèque).

L'oratrice sera:
Bernice Elger (Professeure adjointe au Centre Universitaire Romand de Médecine Légale)

Elle donnera une conférence intitulée:

Médecine humanitaire et droits humains: le rôle de la médecine légale"

Voici le résumé qu'elle a donné:

En cas de torture, d’exécution arbitraire ou d’autres violations du droit humanitaire et des droits humains, l’investigation des faits est importante afin d’assurer la prévention d’autres violations. Cette présentation explore le rôle de la médecine légale universitaire dans cette tâche, en discutant du rôle du Centre Universitaire Romand de Médecine Légale dans l’action humanitaire, à travers un projet de collaboration avec le CICR et l’Académie de droit international humanitaire et de droits humains à Genève.

Cette conférence est ouverte à toute personne intéressée. Vous en êtes? Alors à tout bientôt!

Encore un médecin assassiné

La notice ci-contre, destinée à figurer sur les exemplaires de la Bible, est censée être une plaisanterie. Mais parfois la plaisanterie devient très très sérieuse...

Et hier fut un de ces jours-là. Le Dr George Tiller, un médecin qui acceptait de pratiquer des avortements y compris tardivement en cas de viol ou de malformations graves, a été assassiné par arme à feu dans la ville du Kansas où il vivait. Et par dessus le marché ça c'est passé dimanche...à l'église. Sa femme était dans la chorale. Quatre enfants et 10 petits-enfants lui survivent également. On imagine difficilement leur peine.

Une règle contre ça, c'est justement le genre de chose qu'il faudrait mettre dans des règles dont on voudrait vraiment qu'elles guident notre existence: 'tu n'assassineras pas pour tes idées'. Voilà que les violences autour de l'avortement aux États-Unis, dont on pensait qu'elles avaient touché le fond dans les années 90, redémarrent.

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